Da Le Monde del 25 aprile, morto in Cile l’ex nazista e pedofilo Paul Schaefer, collaboratore di Pinochet, festore della famigerata colonia Dignidad
L’ancien nazi Paul Schaefer est mort au Chili
LEMONDE.FR avec AFP | 24.04.10 | 18h02 • Mis à jour le 24.04.10 | 18h05
L’ex-caporal nazi Paul Schaefer est mort samedi 24 avril à 88 ans de problèmes cardiaques à l’hôpital de la prison de Santiago où il purgeait une peine pour abus sexuels et torture. La santé de M. Schaefer s’était aggravée au cours des dernières heures et le détenu est décédé peu après 7 heures locales (13 heures à Paris), victime d’une “grave” complication cardiaque. Cet ancien caporal-brancardier de l’armée allemande pendant la deuxième guerre mondiale avait été interné en juillet dans un hôpital pénitentiaire pour des problèmes cardiaques.
M. Schaefer purgeait une peine de 20 ans de prison depuis mai 2006 pour abus sexuels sur une vingtaine d’enfants au sein de la tristement célèbre “Société d’éducation et de bienfaisance Dignidad”, plus connue sous le nom de “Colonia Dignidad”, qu’il avait fondée après avoir fui l’Allemagne.
La justice a également établi que l’ancien nazi avait collaboré avec le régime du général Augusto Pinochet (1973-1990), et que la colonie avait été utilisée comme centre de détention et de torture contre des opposants de gauche sous la dictature. Selon l’avocat Hernan Fernandez, représentant plusieurs victimes d’abus sexuels, le décès de Paul Schaefer ne doit pas freiner le travail de la justice. “Tout un chapitre judiciaire concernant les délits de la Colonia Dignidad et l’impunité des auteurs reste ouvert, les jugements en deuxième instance doivent être dictés et les délits commis contre les colons doivent faire l’objet d’une enquête. La mort de Paul Schaefer doit donner l’impulsion finale pour que réparation et justice soient faites”, a-t-il dit.
UNE ENCLAVE AUX ALLURES DE SECTES
La Colonia Dignidad, enclave allemande de 13 000 hectares aux allures de secte, avait été fondée par Schaefer en 1961 à 350 km au sud de Santiago, avec notamment un ex-pilote de l’armée de l’air du IIIe Reich, Hermann Schmidt. Un an auparavant, Schaefer avait fui l’Allemagne où plusieurs adolescents l’accusaient de viols, alors qu’il était pasteur et s’occupait d’orphelins de guerre.
Jusqu’à 300 Allemands ont vécu dans la colonie, en autarcie, cultivant jusqu’à l’avoine de leurs chevaux et produisant leur électricité. En 1991, après la dictature de Pinochet, la colonie a perdu son statut de société de bienfaisance et a été rebaptisée Villa Bavaria. Plusieurs colons sont rentrés en Allemagne.
Des jeunes ayant réussi à s’enfuir ont dénoncé des abus sexuels et en novembre 2004, 22 dirigeants de la colonie ont été condamnés pour la première fois pour abus sur mineurs. Le viol était un “instrument pour garantir la loyauté” entre dominants et dominés, avait expliqué à l’époque un magistrat informé du dossier.
Paul Schaefer, avait été arrêté en mars 2005 en Argentine après huit ans de cavale, puis extradé au Chili. La justice l’a également reconnu coupable d’usage et de stockage illégal d’armes, du meurtre d’un ex-agent de la dictature et de la disparition d’un dirigeant de gauche opposé à Pinochet. “La mort de chaque être humain est regrettable, quel que soit ce qu’il a fait”, s’est contenté de déclarer samedi le porte-parole de la Villa Bavaria, Martin Matusen.