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Parigi, un regista tartassa ospiti intellettuali: in che mondo viviamo?

Parigi, Maison des métallos  (11° arrondissement):  mentre la città ospita gli ultimi comizi per il prossimo ballottaggio presidenziale, un regista in disparte interroga un nutrito gruppo di intellettuali. E’ Thomas Lacoste, il titolo dell’opera che sta costruendo è “Notre monde”. La domanda da cui parte è questa: “Dans quel monde vivons-nous, et comment pouvons-nous le rendre plus juste, plus fraternel, plus sensible?”, cioè: in che mondo viviamo e come possiamo renderlo più giusto, più fraterno, più sensibile? L’articolo di Le Monde del 13.4.12 è di Clarisse Fabre (solo per chi ha tempo a sufficienza…):

Thomas Lacoste filme “Notre monde”

Le Monde.fr | 13.04.2012 à 13h31 • Mis à jour le 13.04.2012 à 17h48

Par Clarisse Fabre

A gauche, puis à droite. A gauche, et encore à droite. La campagne présidentielle serait ennuyeuse. C’est mécanique. A force de balayer, tels des essuie-glaces, les mêmes thématiques autour des mêmes candidats, c’est-à-dire ceux qui arrivent dans le peloton de tête des sondages, l’on se lasserait. Certains seraient même tentés d’arrêter les essuie-glaces, pour ne plus entendre ce morne bruit qui n’arrive même plus à éclairer la route.

Et si on allait voir dans le coffre, peut-être y trouverait-on un trésor – en cherchant bien avec la lampe de poche ? Les pépites dont il est question, ici, sont éclairées par un projecteur de cinéma. Un film rempli de mots, d’idées et de propositions pour des lendemains plus réjouissants. Nous les avons découverts dans l’obscurité d’un studio de la Maison des métallos, à Paris, dans le 11e arrondissement. Depuis le 5 avril, le réalisateur Thomas Lacoste tourne dans le studio numéro 3, avec l’énergie et l’urgence que suscite l’approche du premier tour de l’élection présidentielle – rappelons-le, le dimanche 22 avril. Rarement autant d’intellectuels auront défilé devant une même caméra, pour parler de politique, décrypter les dysfonctionnements de leur champ d’étude et semer quelques graines, avec le désir de les voir pousser un jour.

La liste des personnalités qui sont déplacées aux Métallos est, en effet, impressionnante : les philosophes Jean-Luc Nancy (nella foto sopra), Etienne Balibar, Elsa Dorlin, Toni Negri, les sociologues Luc Boltanski, Robert Castel, Eric Fassin, Frédéric Neyrat, l’historienne Sophie Wahnich, le philosophe et psychanalyste Bertrand Ogilvie, le psychiatre Christophe Dejours, le président du syndicat de la magistrature, Matthieu Bonduelle, ou encore le magistrat Eric Alt… Au fond, chacun essaie de répondre à la question : dans quel monde vivons-nous, et comment pouvons-nous le rendre plus juste, plus fraternel, plus sensible ? Ou, pour reprendre les mots de Michel Butel, fondateur de L’Autre Journal (1984-1992), qui vient de lancer en mars un nouveau journal, L’Impossible, format Le Monde plié en quatre : Que faisons-nous de notre “bref passage sur Terre” et avons-nous une chance de “voler dans l’azur” ? Toni Negri entrevoit une lueur : pour sortir de la pauvreté, dit-il, “il faut que la liberté soit garantie par un revenu général”.

Le pari audacieux de Thomas Lacoste

Qui a pu réunir un tel plateau ? Qui a pu obtenir de ces universitaires, habitués aux longs développements devant leurs étudiants, qu’ils limitent leur temps de parole à cinq minutes ! Cinq fois soixante secondes, donc, et quelques-unes de plus si nécessaire, pour l’analyse de l’état des lieux et les propositions…

Il fallait être un peu fou, et avoir un sacré carnet d’adresses, pour entreprendre un tel projet. Thomas Lacoste, 40 ans, semble taillé pour ce type d’aventure. Sa vie, depuis son adolescence, c’est le débat d’idées. Et aussi le cinéma, la musique, les arts plastiques – certains de ses films, les très engagés ciné-frontières, sont enrichis de nombreux extraits d’oeuvres. A l’âge de 22 ans, en 1992, il avait fondé Le Passant ordinaire, dans le but de faire partager au plus grand nombre des pensées critiques, exprimées par des intellectuels que l’on entend trop peu.

En 2007, il avait animé L’Autre campagne, un dispositif visant à démonter le programme du candidat UMP Nicolas Sarkozy, à travers des films-entretiens avec ses amis universitaires – un coffret de quarante-sept films entretiens, intitulé Penser critique, vient de sortir aux éditions Montparnasse. Cette fois-ci, l’animateur du réseau La Bande passante veut aller plus loin en montrant qu’il existe des solutions. Son film s’intitulera Notre monde. Produit par Agat Films, ce work in progress promet d’être aussi politique que poétique, mêlant des entretiens, de la fiction, des clins d’oeil cinématographiques, des créations sonores. L’intime, le sensible et le politique sont très fortement liés. Le tournage s’achève ce vendredi 13 avril. Montage dans la foulée. Ensuite, c’est l’inconnu : le Festival de Cannes, en mai ? Une sortie en salles, pendant la campagne des élections législatives, en juin ?

Nous avons suivi la journée de travail du mardi 10 avril. Notre monde. Jour 5. Frédéric Neyrat. Première”. Clap ! “Action”, lance Thomas Lacoste (foto sopra del regista) à son équipe, vers 10 h 30. Ne cherchons pas les acteurs. La seule comédienne présente, sur le lieu, se nomme Marianne Denicourt. Mais elle est aussi réalisatrice et, à cet instant, c’est derrière la caméra que se trouve l’égérie du cinéma d’auteur. “Le projet de Thomas est généreux, et optimiste. Je lui ai proposé de lui donner un coup de main en deuxième caméra. J’avais aussi envie d’écouter toutes ces personnes”, explique-t-elle, entre deux prises. Elle fera des apparitions dans le film, comme actrice, telle une Marianne déambulant dans une République en chantier.

Au studio numéro 3, la matière grise défile. Le dispositif est le même pour tout le monde : un cadrage sur fond noir, sans fioriture. L’invité s’installe sur une chaise, parle sans être interrompu. En face de lui, Thomas Lacoste l’accompagne du regard. A côté de lui, deux femmes à la caméra : la chef-opérateur Irina Lubtchansky, qui a travaillé avec Jacques Rivette, et Marianne Denicourt, donc.

La lumière, le son et le cadrage sont prêts. “Nous sommes au service de ta parole”, explique Thomas Lacoste à Frédéric Neyrat, sociologue, professeur à l’université de Limoges, qui va aborder le concept d'”Univers Cité”. Il se lance. Nicolas Sarkozy se vante d’avoir réussi la réforme de l’université ? Il n’en est rien. Pour lui, la “mise en concurrence” des universités est en train d’agrandir les “inégalités” entre les étudiants, et va “stériliser la recherche” en instaurant “une course à la publication”. “On publie de plus en plus, mais on ne débat plus de ce que l’on publie. C’est l’éclipse du savoir”. L’éventuelle élection de François Hollande n’y changerait pas grand-chose, estime-t-il : “Ce sont les mêmes conseillers, en partie, qui hantaient l’Elysée et la rue de Solférino au moment de la réforme”.

Sans attendre, il propose de “changer la vie” dans les universités par une mesure symbolique : “J’appelle chaque chercheur à ouvrir ses cours à tous et à chacun. L’université doit être ouverte sur la Cité”. Il y voit plusieurs avantages : cela permettrait de sortir l’université de son entre-soi ; le public des cours se diversifiant, la nature du cours elle-même évoluerait ; chacun pourrait accéder à des connaissances, “dans l’esprit de l’éducation permanente selon Condorcet, qui remonte à 1792”. Les étudiants échapperaient enfin à la “marchandisation de la formation” qui sévit aujourd’hui. Le temps est épuisé, Frédéric Neyrat a pu vider ses cartouches. “C’est parfait”, salue l’équipe. Mais le professeur a la voix qui porte. On refait une prise, plus posée. Ce sera la bonne.

Jean-Pierre Dubois et les inégalités

Prochain invité de la matinée, Jean-Pierre Dubois, président d’honneur de la Ligue des droits de l’homme, et juriste. Au programme, la fiscalité et le creusement des inégalités.

Une autre belle mécanique se met en route. “La moitié de mes étudiants n’arrivent plus à soigner leurs dents et leurs yeux”, commence le professeur de droit public à l’université Paris XI. “Sans égalité, seuls les dominants restent libres”. “La crise, c’est d’abord un gigantesque problème d’inégalités”, un énorme “transfert” des revenus des plus pauvres vers les plus riches. L’intellectuel remet à plat tout le système fiscal français, impôts directs, impôts indirects, bat en brèche des idées reçues. Dire que la moitié des ménages ne paie pas d’impôts n’est pas juste, selon lui : “un SDF paie des impôts via la TVA”, impôt indirect que tout le monde acquitte. “Plus on est en bas de l’échelle, plus la note s’alourdit”.

Anne Fassin, première assistante de Thomas Lacoste, fait un signe avec la main, pour indiquer le temps écoulé. Plus que deux minutes pour les propositions. Donner la priorité à l’impôt direct, le rendre plus progressif, réatblir la plénitude de l’assurance-maladie, égrène Jean-Pierre Dubois.

La journée se poursuit avec Nacira Guenif-Souilamas, sociologue (université Paris XIII), qui décrypte comment les minorités, en particulier “les femmes opprimées”, sont instrumentalisées par le politique pour, au fond, maintenir l’ordre. L’égalité des sexes affichée par le pouvoir n’est qu’un “smic minimal”.

Suivent Matthieu Bonduelle, président du syndicat de la magistrature, qui plaide pour une décroissance pénale ; Michel Butel, qui tire à boulets rouges sur la presse écrite et rêve de médias ne disposant pas d’autre argent que celui de leurs lecteurs, ou d’une communauté d’amis.

Une soirée de débats à la Maison des métallos

Mercredi 11 avril, le tournage bascule dans une autre dimension. La grande salle des Métallos sert de décor à une soirée où s’expriment, sur scène, selon le même protocole – cinq minutes et puis s’en vont – les intellectuels invités sur le film. C’est toute la difficulté de transmettres ces propositions, en quelques mots. Certaines sont tellement radicales qu’elles pourraient faire passer leurs auteurs pour de doux rêveurs. Et pourtant, ces intervenants savent de quoi ils parlent : cela fait des années qu’ils explorent des pistes, souvent peu médiatisées.

Alors, allons-y, parcourons quelques pistes explosives, dans le domaine de l’école, par exemple : Bertrand Ogilvie (université Paris X) affirme que l’école a pour projet de générer de l’échec et parle de supprimer les manuels scolaires. Quelques instants plus tard, Christophe Mileschi, italianiste (Paris X également), se focalise sur l’école primaire et plaide pour des classes à huit élèves maximum. “En italien, talento signifie désir !”, lance-t-il derrière le pupitre en plexiglas. Parions sur l’envie des lecteurs d’en savoir plus.

Au chapitre “Genre et féminisme”, l’anthropologue Françoise Héritier voudrait que l’on puisse comptabiliser le travail domestique dans le calcul de la richesse produite en France. Et que le temps passé à garder les enfants en bas âge “compte double” pour l’attribution des points de retraite.

La jeune philosophe Hourya Bentouhami (université Paris VII) se désole de voir que le travail des femmes d’origine étrangère – souvent du nettoyage à temps partiel, avec des horaires qui les empêchent la plupart du temps d’être à la maison en-dehors du temps scolaire – soit à ce point déconsidéré, voire invisibilisé par le pouvoir politique. Il faut mettre en valeur ce travail, comme facteur d’insertion, plutôt que de stigmatiser ces femmes comme des parents démissionnaires, dit-elle.

Séquence “Immigration et frontières”. Le philosophe Etienne Balibar ironise sur le discours récurrent de cette campagne électorale : “Il m’a semblé entendre dire, il nous faut des frontières, à l’intérieur de l’Europe. Encore faudrait-il que l’Europe existe. L’Europe est non seulement en danger, mais elle est morte”. Etienne Balibar pourrait bien sûr longuement argumenter ce dernier point, mais un petit signal sonore lui indique qu’il va falloir conclure. Il pointe l’insidieuse tendance selon laquelle “plus les frontières entre les nations ont l’air de s’estomper, plus les frontières sociales se renforcent”.

L’historienne Sophie Wahnich, directrice de recherche au CNRS, appelle à investir de nouveaux espaces politiques – le préau de l’école, image symbolique – car les lieux de débats sont en train de disparaître : “les partis politiques sont trop occupés à désigner des candidats à la candidature, les syndicats à calmer le jeu, et l’Assemblée nationale à suivre l’agenda du gouvernement”. Plus qu’une soirée de débat, c’est à une performance que l’on a assisté. Thomas Lacoste espère bientôt passer à la deuxième étape. Le partage et la confrontation avec un large public. Des spectateurs dans une salle de cinéma ? Les salles n’ont jamais été aussi remplies qu’aujourd’hui, il ne faut donc pas désespérer

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